Jennifer McKenzie, The Daily Gleaner, 4 octobre 2017

Lorsque j’ai quitté la présidence du Conseil scolaire d’Ottawa, les employés ont offert à chacun des membres de l’exécutif sortant un livre d’enfant qui représentait bien leur personnalité. Faisant partie d’une bande de cinq néo-démocrates, nous avions travaillés ensemble pendant cinq ans pour transformer le modèle de gouvernance du Conseil scolaire et nous avions appris à bien nous connaître. Le livre qu’ils m’ont donné s’intitulait « Les mathématiques et les grandes idées ».

Une partie de la transformation que nous avons mise en oeuvre au conseil scolaire était de définir clairement les rôles et les responsabilités de chacun. Les politiciens gouvernent ; les employés administrent. Aucun politicien ne devait se mêler du fonctionnement quotidien du conseil scolaire et aucun employé ne devait faire de politique. Au fur et à mesure qu’avançait notre travail pour établir les nouvelles politiques, les objectifs et les indicateurs de rendement, les cadres dirigeants ont commencer à pouvoir lire dans nos pensées (en même temps, tout était écrit) et ont commencé à administrer le personnel afin de rencontrer nos objectifs. Mais encore, il était quand même déconcertant de recevoir un livre qui me décrivait aussi bien.

Alors, quand Terry Séguin m’a demandé de commenter le Comité des comptes publics au sein d’un panel politique à la CBC la semaine dernière, j’étais en terrain connu. Après avoir lu les documents de référence du Comité des comptes publics, j’ai découvert les mécanismes et les leviers qui permettent de faire fonctionner et de contrôler les différents ministères du gouvernement du Nouveau-Brunswick.

Trois éléments m’ont surpris.

Premièrement, la série de décisions regrettables et d’erreurs commises par le gouvernement ne sont pas survenus par hasard, mais sont bel et bien le fruit d’une planification. Les priorités stratégiques énoncées au début de chaque rapport du gouvernement libéral dans les derniers mois sont « plus emplois », « la responsabilité fiscale » et « le meilleur endroit pour élever une famille ». Nulle part est-il mentionné la santé et le bien-être des habitants ni les autres priorités qui importent pour plusieurs au Nouveau-Brunswick.

Alors, ça ne devrait surprendre personne qu’on épande du glyphosate sur nos forêts et nos habitants au nom de la création d’emplois et des grandes entreprises. Ça ne surprend personne qu’on lance des paquets d’argent aux grandes entreprises contre des promesses douteuses de création d’emplois. Ça ne suprend personne qu’on prête la gestion d’une partie essentielle de notre système de soins de santé à une entreprise privée. Et on peut aussi arrêter de se demander pourquoi les gens avaient le droit de se baigner dans les eaux d’égoût à la Plage Parlee pendant plusieurs années.

La deuxième chose qui m’a surpris, c’est le manque de préparation et de planification qu’il faut pour réussir à mettre en œuvre une politique du premier coup. Cette première phase créative de la gouvernance est celle que je préfère par-dessus tout. Quand on réussit cette première phase, il devient possible de cibler les résultats voulus de façon plus stratégique et moins dispendieuse. Cette première étape est l’occasion de faire l’inventaire des meilleures pratiques et des recherches empiriques de partout au monde : on recueille toutes les données, les statistiques et le matériel de référence qui permet de prendre les bonnes décision. Enfin, c’est aussi l’occasion de consulter les travailleurs de première ligne et d’autres intervenants pour savoir comment régler les défis qu’ils rencontrent au quotidien.

L’un des aspects les plus important de n’importe quel processus créatif est l’ouverture à une diversité d’opinions et de perspectives. Les treize hommes qui siègent au Comité des comptes publics ont tous la même perspective : celle d’un homme blanc d’âge moyen. Doit-on se surprendre que la perspective des femmes, des jeunes, des aînés et des minorités soit complètement évacuée de notre modèle de gouvernance ? Pourtant, ces perspectives sont cruciales si on veut représenter l’ensemble de la population du Nouveau-Brunswick.

Il vient donc sans surprise que le taux d’alphabétisme et de numératie stagnent dans nos écoles et nos communautés. Il ne faut pas non plus se surprendre que la réponse du gouvernement à la crise du verglas, soit d’amalguamer des municipalités ce qui revient essentiellement à blâmer les victimes, soit vouée à l’échec. Enfin, qu’on ne se surprenne pas du fiasco des taxes foncières qui s’éternise et s’empire de jour en jour.

La troisième chose qui m’a surpris, c’est l’absence de renseignements financiers. Tout dirigeant digne de ce nom sait qu’il faut suivre les traces de l’argent pour arriver au cœur des priorités et pour comprendre les activités d’une instiution. Mais où étaient ces renseignements financiers? Nulle part.

C’est pour cette raison que le NPD demande la création d’un poste de Directeur du budget, comme il en existe au fédéral, en Ontario, au États-Unis et ailleurs. Le Directeur du budget serait responsable de fournir des renseignements financiers sur demande aux comités et aux membres de l’opposition. C’est l’existence de ce poste qui a mené, par exemple, à la défaite de « Trumpcare », alors que le Directeur du budget avait révélé que 32 millions de personnes perdraient leur assurance-santé. C’est également ce poste qui avait permis de démasquer, sous Harper, l’estimation trompeuse du coût des bombardiers F-35, entre autres.

Il faut oser rêver à un Nouveau-Brunswick qui possède un système d’éducation de calibre international, à des emplois pour lesquels nos jeunes voudront revenir et rester, à un gouvernement qui protège la santé et le bien-être de tous les habitants. Il faut oser rêver à un gouvernement qui guide ses actions en fonctions des priorités de sa population. C’est le socialisme, selon moi. C’est ce que je vous propose comme cheffe du NPD et pour gagner votre appui afin de diriger le Nouveau-Brunswick. Embarquez avec nous !