Jennifer McKenzie, The Daily Gleaner, 20 septembre 2017
Pourquoi avons-nous des soins de santé publique au Canada?
Quand Tommy Douglas avait six ans, il a déménagé d’Écosse en Saskatchewan. Quand une vieille blessure a éclaté, il a été envoyé à l’hôpital où on lui a dit que sa jambe devrait être amputée. Un chirurgien orthopédiste bien connu s’intéresse à son cas et opère sur sa jambe gratuitement si ses parents permettent à ses étudiants en médecine de regarder. Sa jambe a été sauvée. Que seulement les gens riches pouvaient se permettre une telle chirurgie ont commencé à inquiéter Tommy.
Il a ensuite fondé le premier parti social-démocrate en Saskatchewan, où il a lancé le premier programme universel de soins de santé à payeur unique en Amérique du Nord. Plus tard, alors qu’il dirigeait le NPD, qui détenait l’équilibre des pouvoirs à la Chambre des communes, le gouvernement libéral de Lester Pearson a instauré les soins de santé universels fédéraux.
Pourquoi les Néo-Brunswickois sont-ils inquiets?
Tout le monde connaît une infirmière qui travaille dans Extra Mural ou Télé-Soins. C’est ma nièce, ta sœur, sa femme ou son fils. Ce sont des femmes et des hommes capables de prendre soin de leurs patients. Tout le monde connaît quelqu’un qui a bénéficié de leurs soins.
Depuis que le gouvernement Gallant a annoncé son intention de transférer la gestion du Programme extra-mural et de Télé-Soins à Medavie, de nombreux Néo-Brunswickois et Néo-Brunswickoise m’ont fait part de leur opposition à cette privatisation de nos services de santé publique.
Le programme Extra Mural, qui est exploité par les autorités sanitaires Horizon et Vitalite depuis de nombreuses années, a reçu des éloges à travers le pays pour fournir des soins de santé de haute qualité aux résidents dans leurs propres maisons. Ce n’est pas la bonne façon de permettre à une entreprise privée d’administrer cette pièce clé des soins de santé communautaires.
Est-ce que cette mesure contrevient à la Loi canadienne sur la santé?
Le gouvernement fédéral doit veiller à ce que ces services soient conformes aux cinq principes énoncés dans la Loi canadienne sur la santé en ce qui a trait au financement des services de santé aux provinces. La Loi exige que les dépenses de santé financées par le gouvernement fédéral soient gérées par l’administration publique et exploitées sans but lucratif. Le fait que Medavie soit une société privée à but non lucratif ne signifie pas que ce test est respecté.
Que peut-il se passer lorsque les soins de santé ne sont pas administrés publiquement?
Je suis également préoccupé par certains des facteurs de rendement qui doivent être utilisés pour accorder une prime à Medavie. Par exemple, l’un d’entre eux est l’augmentation des visites des infirmières ou de la charge de travail. D’année en année, le nombre de cas va augmenter, les niveaux de stress vont augmenter et les soins aux patients vont souffrir afin de répondre à ce critère.
Qui appelons-nous quand les choses ne vont pas bien? Cette mesure ajoute une couche d’isolation à la responsabilité de nos fonctionnaires élus, encore une fois, une bonne raison pour l’administration publique par les fonctionnaires.
Nous avons besoin de gens responsables devant les Néo-Brunswickois pour administrer nos soins de santé, et non de personnes responsables devant une société privée ayant ses propres intérêts.
Quelles sont les tendances sous-jacentes qui affectent ce mouvement?
En effet, il y a maintenant une tendance inquiétante du gouvernement Gallant à appuyer la privatisation des soins de santé: soutien à la clinique de sang privée à Moncton, privatisation des services diététiques et autres dans les hôpitaux à Sodexo, entreprise multinationale française, et maintenant ce transfert.
Nous sommes la province vieillissante la plus ancienne et la plus rapide du Canada. Même ce gouvernement reconnaît que les dépenses de santé doivent augmenter de plus de 4% par année en raison de notre population vieillissante.
Pourquoi alors le premier ministre Gallant a-t-il négocié avec ses homologues libéraux fédéraux une formule de soins de santé qui n’incluait pas le vieillissement?
L’économiste Richard Saillant du Nouveau-Brunswick, directeur de l’Institut Donald J. Savoie de l’Université de Moncton, a dénoncé l’accord sur la santé et a qualifié d ‘«ironique» le fait que nous, les plus âgés du pays, accepterions un marché.
Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, les coûts annuels moyens des soins de santé pour les aînés sont presque cinq fois plus élevés que pour les Canadiens de moins de 65 ans. Pour les plus de 80 ans, ils sont presque huit fois plus élevés. Cela signifie que chaque année, le financement sera réduit de plus en plus pour répondre à nos besoins en soins de santé. Pas étonnant que le gouvernement Gallant essaie de se mettre à l’abri de toute responsabilité.
Quels sont nos prochains mouvements?
Nous devons remercier Tommy Douglas pour les soins de santé publics à payeur unique et nous devons le remercier pour tous les soins que nous recevons dans le cadre des soins de santé publics. Il était visionnaire et nous sommes meilleurs, en meilleure santé et plus heureux pour cela. Cette décision de confier la gestion d’Extra Mural et de Télésanté à une entreprise privée, Medavie, n’est pas ce que Tommy a envisagé.
Il n’y a qu’un moyen de lutter contre ce mouvement – et inévitablement de suivre – et de s’impliquer politiquement. Je l’ai maintenant fait en devenant le leader du seul parti qui a fondé la santé publique et continue à se battre pour cela. Rejoignez-nous!